Sauvetage du lait local en Afrique de l’Ouest : une stratégie mais pas d’actions, alertent les organisations paysannes. |
La stratégie visant à protéger le lait local dans la région n’est toujours pas financée
Ouagadougou, 1er Juin 2021 – A l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale du Lait, marquant le 3è anniversaire de l’initiative « Mon lait est local » plus de 55 organisations de producteurs et productrices de lait local du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Mauritanie et du Tchad accompagnés d’une large coalition composée d’organisations paysannes régionales, de consommateurs, de chercheurs, d’ONG, de mini-laiteries et d’industriels locaux ont associé leurs voix pour demander aux chefs d’État des pays membres de la CEDEAO de financer les Plans d’action nationaux lait découlant de la Stratégie régionale de l’offensive lait et visant à sauver la filière du lait local car il y va de la sauvegarde de la filière dont dépendent 48 millions de producteurs et productrices dans la région.
Depuis plusieurs années, des agroindustriels européens envahissent le marché en Afrique de l’Ouest avec du lait en poudre ré-engraissé avec de la matière grasse végétale (MGV), notamment l’huile de palme, et qui est vendu jusqu’à 30, voire 50% moins cher que le lait produit localement. Les agroindustriels européens profitent de faibles tarifs douaniers (5%) pour écraser la concurrence locale et incitent les transformateurs locaux à utiliser leurs produits au détriment de la santé, de l’environnement et de la survie de millions de petites productrices et petits producteurs. Cette concurrence déloyale étouffe les productrices et producteurs de lait en Afrique qui sont déjà affaiblis par la crise climatique et le manque de nourriture pour leurs animaux ainsi que par les impacts économiques de la COVID-19 suite aux fermetures temporaires des marchés et des frontières.
Madame HAMA Hadjatou KOÏTA, Présidente de la laiterie KOSSAM NAÏ OOLI de Dori au Burkina Faso : « De 1 200 litres de lait que ma laiterie transformait et écoulait par jour, on est tombé entre 200 et 300 ; on a dû réduire nos fournisseurs de lait qui étaient aux nombres de 45 et on a aussi réduit le nombre de nos collecteurs qui sont passés de 17 à 3. Tous les maillons de la chaine ont subi de graves conséquences et ceci les a appauvrit sérieusement. Et ma laiterie n’est pas la seule à en être victime ; avant il y avait 13 laiteries dans la ville de Dori mais aujourd’hui ce n’est plus le cas parce que certaines ont carrément fermé ».
Suite à la validation par la CEDEAO de la stratégie régionale de l’offensive lait et de son premier Programme prioritaire d’investissements (PPI), la campagne lait a accompagné les 15 pays de la CEDEAO + la Mauritanie et le Tchad dans l’élaboration des plans d’action lait nationaux proposant des actions concrètes pour sauver la filière du lait local dans chaque pays. Le financement de ces plans d’actions lait reste cependant une préoccupation majeure pour l’ensemble des États membres car l’offensive lait a été approuvée par la CEDEAO mais non financée à ce jour.
Au Sénégal, le plan d’action lait prévoit à l’horizon 2025 une production additionnelle de 132,3 millions de litres de lait frais local, faisant passer la production nationale de lait de 264,6 millions à 396,9 millions de litres. L’augmentation de la part du lait issu du cheptel local dans le volume global de lait traité par les différentes catégories d’industries laitières passera à au moins 20%. Tout ceci créera 35 000 emplois principalement pour les femmes et les jeunes.
Au Mali, le plan prévoit la hausse de la production laitière et du niveau de collecte du lait cru local de 50% permettant une hausse de la consommation du lait local, un environnement fiscal favorable à la promotion des chaines de valeurs lait local, la création de nouveaux emplois à travers le développement des différents maillons de la chaine de valeur lait et une meilleure gouvernance globale de la chaine de valeur « lait local » pour renforcer sa compétitivité.
Il est également prévu des mesures d’accompagnement pour aider les producteurs à faire face aux changements climatiques et sauver le lait local au Burkina, Niger, Mali et Sénégal.
« Pour que triomphe véritablement notre lait local, la résolution de nos autorités qui légifèrent et qui réglementent est indispensable » a déclaré DICKO Amadou Hamadoum, président de l’APESS. Il a aussi dit « Nous attendons de la CEDEAO et de ses États membres, des mesures rapides et efficaces pour le financement et la mise en œuvre du Programme Prioritaire d’Investissements pour la promotion des chaînes de valeur du lait local à travers les plans d’actions nationaux lait élaborés par l’ensemble des pays. Des millions de personnes sont concernées. »
Le public est également invité à soutenir la cause du lait local en signant la Pétition en ligne qui a déjà mobilisé 38 000 personnes avec une cible de 55 000 signatures et qui demande à la CEDEAO des mesures concrètes pour sauver la filière du lait local en Afrique de l’Ouest.
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Contacts Presse :
- Niveau régional : Hamidou TIEMOGO, Chargé Communication / APESS, (+226) 76 63 54 80 ; hamidoutiemogo@gmail.com
- Mali : Moussa Coulibaly, CAD-Mali. mcoule@gmail.com
- Mauritanie : Amadou DJIGO, Oxfam ; amadou.djigo@oxfam.org
- Niger : Daouda Hamissou, ONG Karkara. daoudahamissou@yahoo.fr
- Sénégal : Babacar Séne, Journal Agropasteur. babasene402@gmail.com
- Tchad : Ibrahim Mahamat Saleh, Oxfam. ibrahim.mahamat@oxfam.org
- Burkina : Ousmane Diallo, Oxfam. ousmane.diallo@oxfam.org